Micka, après quatre années sur le banc seniors, tu avais décidé de prendre du recul et de revenir sur des catégories jeunes, pourquoi ?
M.M. – Dans un premier temps plusieurs facteurs ont fait que j’avais pris la décision de couper complètement avec le terrain. Une raison familiale : l’envie d’avoir plus de temps avec ma femme et mes enfants a été importante. Ma situation professionnelle avait également évolué et me laissait moins de latitude. Enfin je ressentais une certaine lassitude après plusieurs années à coacher un groupe quasi identique.
A noter qu’avant la création de l’Académie j’avais déjà en charge l’équipe réserve de l’ASM avec une grande partie des joueurs qui nous ont suivi par la suite. Ces mêmes joueurs que j’avais eu sous ma coupe également dans les catégories U17 et U19. Donc avec certains d’entre eux, nous avions travaillé un bon paquet d’années ensemble…je sentais que c’était un moment charnière pour eux comme pour moi.
Alors, avec Rodolphe et Alex nous avons préparé ce changement pour que le club s’y retrouve.
Puis après une année de « repos », j’ai replongé avec les jeunes où je peux suivre mes enfants au plus près et surtout faire ce que j’aime : être sur le terrain et transmettre.
Le président t’a ensuite proposé un rôle de manager, parle nous de cette fonction que tu occupes dans l’ombre ?
M.M. – Effectivement, la coupure avec le terrain a été nette mais j’avais toujours dit à Rodolphe que j’étais tout de même à la disposition du club pour aider les éducateurs et le club dans la limite de mes compétences et de mon temps disponible. Son idée a été en effet ce rôle de manager qui consiste surtout a donner mon avis sur des problématiques, participer à l’évolution du club de l’intérieur…comme intégrer la vidéo dans notre travail, accompagner les jeunes éducateurs en formation.
Cette mission dans un club comme le nôtre ne peut être comparée à celle de clubs avec d’autres moyens plus importants, car cela reste du bénévolat et donc l’investissement en temps est très relatif.
Jeune, tu as fréquenté le centre de formation de l’AS Saint-Etienne, aujourd’hui quel regard portes tu sur la formation qui se développe à l’Académie ?
M.M. – Ce qui est sûr c’est qu’on ne peut pas comparer les 2 modèles de formation. Le monde des clubs professionnels formate les joueurs pour le très haut niveau et a ses exigences.
A notre échelle, nous essayons d’inculquer à nos jeunes joueurs l’état d’esprit nécessaire pour atteindre le plus haut niveau possible.
Que ce soit d’un point de vue sportif avec les thématiques techniques et tactiques mais aussi mentales en travaillant sur les valeurs de travail, de compétition et d’humilité.
Personnellement le foot m’a construit en tant qu’individu, tous les éducateurs que j’ai croisés m’ont apporté des choses et c’est justement cela que j’ai envie d’apporter aux nouvelles générations : avoir le goût de progresser, de partager et de se faire plaisir dans le travail.
Après deux saisons en U11, tu poursuis avec cette génération 2012 en U12, comment se dessine la saison avec ces jeunes ?
M.M. – C’est un réel plaisir d’encadrer cette génération. Elle est talentueuse, travailleuse et joyeuse ! Et le début de saison est prometteur.
Cette année doit permettre à la majorité des enfants de passer un cap car ils seront confrontés à des enfants plus âgés d’une année. Des rencontres amicales contre des équipes régionales seront également organisées. L’objectif pour eux est d’atteindre le niveau régional dans 2 ans pour le passage au foot à 11. Je ferai en sorte avec Boris et Thomas de les préparer pour ça.
Pour cela le sérieux et l’assiduité aux séances sont importants. Et je serai beaucoup plus attentif sur le contenu de nos rencontres que sur nos résultats. Ce qui m’importe le plus c’est la mentalité affichée sur le terrain.
Avant tout, ils doivent acquérir et apprendre les principes de jeu individuels et collectifs que nous leur apportons.
Toutefois pour moi à cet âge, le résultat est également important car il permet de travailler l’esprit de compétition qui tire vers le haut et c’est aussi un gage de validation des acquis.
Tu es un homme passionné de foot, avec des valeurs humaines et un esprit club, qu’est-ce que tu penses du foot d’aujourd’hui ?
M.M. – L’exemple du monde professionnel influence le monde amateur. Pour moi dans le sport et le monde associatif, le respect des engagements, de l’amitié et du partage doit passer avant l’argent et les intérêts personnels. Je vis le foot d’une manière un peu utopique mais c’est celui auquel je m’accroche et que j’essaie de transmettre. Cela fait 22 ans que je suis au club, j’y suis attaché car j’apprécie les personnes qui y sont mais également parce je m’identifie à lui et j’en suis fier.
Mais on voit bien qu’aujourd’hui à la moindre difficulté les gens baissent les bras et remettent tout en cause, trouver des personnes qui s’investissent est une denrée rare, du coup les clubs se retrouvent en difficulté.
Nous avons un défi à relever, c’est nous qui formons les nouvelles générations donc je pense que nous, les éducateurs, nous avons la possibilité de faire évoluer ces mentalités.
VS
